Ça s'est arrêté.
Brusquement et vite. En un clin d'œil
Injustement. Absurdement. Cruellement
Irrémédiablement et irrévocablement
C'est si douloureux. Si horrible. Si brutal. Si brusque
Des débris en acier s'enfoncent dans ma mémoire
Si profondément et impitoyablement
Ça s'est arrêté.
Comme un film au moment le plus prenant
Le fil est arraché, la chanson est arrêtée
Au milieu d'une ligne, d'un mot
C'est fou. Impitoyable. Invraisemblable
Des images fatales s'interchangent,
Insupportables dans une répétition sans fin
Ça s'est arrêté.
Le monde frissonnant disparaissait petit à petit
Les lignes s'effaçaient, les murs s'évanouissaient
Et les contours d'un autre monde apparaissait.
Mais on attendait toujours quelque part avec angoisse,
On serrait le combiné avec des doigts tremblants
Et on composait toujours le même numéro.
Ça s'est arrêté.
Il reste tellement de tous ces non-dits
Si importants et divers
Tellement de merveilles pouvaient encore surprendre.
Il y a tellement de grandes et petites joies
Que l'on n'a pas vécues. Que l'on n'a pas lues.
Qui n'ont pas été réchauffées à la lumière de l'amour.
Ça s'est arrêté.
Dehors, il neige doucement.
Tout semble terrible, absurde, un rêve
Il n'y a que les voitures qui continuent de filer quelque part.
Et deux oiseaux solitaires se sont figés
Sur les branches gelées...