Hier, dans l'éther du soir, on a passé ton film
Sur les gens pris dans la tempête,
Sur des sentiments privés d'yeux.
Les amis et les voisins riaient et pleuraient fort,
Et pensaient qu'il s'agissait d'eux,
Sans savoir qu'il s'agissait de nous.
J'ai été si surprise lorsque tu as dit en interview
Que tu avais lu mon livre,
Qu'il t'avait bouleversé,
Que tu avais pris mon livre pour en faire la base de ton scénario.
Dommage que tu ne l'aies pas écrit,
Car tu avais fait le même rêve.
Il s'avère que mon travail intense est devenu best-seller,
Bien qu'il y ait beaucoup d'autres
Livres non moins originaux.
Tous les gens se reconnaissent dans mes personnages,
Bien que j'aie écrit sur nous,
Ils pense tous qu'il s'agit d'eux.
Il m'arrive parfois de devoir répondre à la question:
D'où sont venues ces idées,
Toutes ces intrigues originales?
Je réponds toujours que tout est banal et simple
Dans ma vie monotone,
Mais que j'aime regarder des films.
Je cache ta photo, après avoir enlevé la poussière,
Plus profondément, plus loin,
Derrière les albums photo, les lettres et les livres.
Derrière le paysage noir et blanc,
Où les arbres, les brouillards et les glaçons
S'entrelacent dans la toile d'araignée des ponts.
Ces relations sont comme un fil d'araignée,
Le langage n'est fait ni de gestes ni de mots.
Car chacun d'entre nous pourrait être une personne normale.
Tant mieux que les choses aient tourné ainsi,
Et que nous soyons tels que nous sommes.
Aujourd'hui j'ai acheté une cassette avec une bande originale,
Et j'ai passé tout la soirée
À écouter des chansons dans mes écouteurs
Sur des gens, pris dans la tempête,
Liés dans un bateau en papier,
Sur des cheveux qui n'aimaient pas les épingles,
Sur la faiblesse mauvaise et intrépide.
Sur des sentiments privés d'yeux
Mais contraints à survivre,
Sur des villes, sur des déserts,
Sur nous, hâves de frénésie.
Je cache ta photo, après avoir enlevé la poussière,
Plus profondément, plus loin,
Derrière les albums photo, les lettres et les livres.
Derrière le paysage noir et blanc,
Où les arbres, les brouillards et les glaçons
S'entrelacent dans la toile d'araignée des ponts.
Ces relations sont comme un fil d'araignée,
Le langage n'est fait ni de gestes ni de mots.